La lettre aux fonctionnaires
Longtemps, il a existé entre nous un malentendu. Peut-être parce que nous n’avons pas eu les bons mots pour vous parler, et surtout parce que nos idées ont été caricaturées, beaucoup d’entre vous ont cru de bonne foi que le Front National était votre ennemi, l’ennemi des fonctionnaires.
Je m’adresse à vous pour clarifier les choses.
En réalité, nous avons vocation à travailler ensemble, à nous retrouver dans des combats communs pour la France.
En effet, la plupart d’entre vous ont fait le choix de la fonction publique parce qu’ils veulent servir l’intérêt général, dans des conditions de plus en plus difficiles. Cette noble motivation, qui vous honore, nous la partageons. Quand les partis au pouvoir depuis tant d’années se déconsidèrent dans des querelles permanentes d’appareils, quand ils s’accrochent à des dogmes éculés et ne donnent pas le sentiment d’être au service de la République française, le Front National s’efforce de toujours garder le cap de l’intérêt général, du bien public.
Au service de l’intérêt général, nous le croyons fermement, l’État a un rôle central à jouer. Au cœur de notre identité, l’État est la colonne vertébrale de notre pays depuis des siècles, des rois bâtisseurs à la Cinquième République. C’est vers lui que les Français se tournent quand ils vont mal. C’est de lui qu’on attend une ligne directrice dans la conduite des affaires du pays. À travers ses institutions, au premier rang desquels l’école, c’est lui qui assure l’unité de la nation et la formation de citoyens éclairés et libres.
Le Front National propose de bâtir un État fort
L’État fort, c’est d’abord un État stratège, qui aiguillonne notre pays vers l’innovation, la prospérité, et assure son rayonnement.
L’État fort, c’est ensuite un État protecteur, qui se donne les moyens de développer pour tous l’économie et l’emploi.
L’État fort, c’est enfin un État solidaire, garant notamment des services publics auxquels nous sommes tous tellement attachés.
Il n’y a pas d’État fort, sans fonction publique formée, organisée, cohérente et motivée.
Malheureusement, vous le constatez chaque jour dans vos fonctions : l’État et la fonction publique ont été gravement affaiblis par des années de conduite irresponsable des affaires.
Imposée par des élites de plus en plus coupées du peuple, la fuite en avant vers la mondialisation débridée a progressivement entraîné le démantèlement de l’État. L’Union européenne n’est rien d’autre qu’un catalyseur de ce mouvement désastreux.
Sous la présidence actuelle, cette dangereuse évolution, cette irresponsable volonté de s’attaquer à l’État, connaissent une accélération inédite. Avec le processus de révision générale des politiques publiques (RGPP), l’État a été désorganisé et ses fonctions essentielles atteintes.
Ainsi, le réseau local de l’État n’est plus que l’ombre de lui-même. 16.000 postes de policiers et de gendarmes ont déjà été supprimés depuis 2005, et une menace sérieuse pèse désormais sur l’existence même de la gendarmerie. L’armée se rétracte partout, à l’instar de nos services diplomatiques dans le monde. L’École est saignée à blanc, au moment précis où la chute du niveau des élèves, la progression continue des violences scolaires et le relâchement des valeurs exigent au contraire un effort de la Nation. L’hôpital public est exsangue, et nombre de professionnels de santé s’alarment des conditions de travail et d’accueil des patients qui sont aujourd’hui celles d’un système de soins amenuisé. Comment ne pas évoquer enfin ce qui serre le cœur de tous les Français : la grande braderie de notre patrimoine national, engagée à vive allure depuis 2005. La cession au secteur privé de nos trésors nationaux constitue un crime impardonnable contre le peuple de France.
Cette anémie organisée de l’État s’accompagne d’un effritement du sens de l’intérêt général parmi les élites administratives, et plus encore politiques.
Beaucoup d’entre vous me le disent : attachés au service public, ils se lamentent de voir leurs hauts responsables agir selon des valeurs qui ne sont plus celles du sens de l’État.
N’ayant plus foi en leur propre pays, les dirigeants politiques ont organisé la sélection d’élites administratives qui trop souvent n’ont plus vraiment foi en l’État.
J’en appelle pour ma part au retour du sens de l’État, à l’esprit de ses grands commis, à la culture des hussards noirs de la République, à la passion du bien public qui continue heureusement encore d’animer la conduite de nombreux agents publics, œuvrant souvent dans la discrétion, mais avec la farouche volonté de servir l’intérêt général.
Il faudra tourner la page de la RGPP, et donner à l’État les instruments juridiques et techniques de sa puissance.
La fonction publique sera vivifiée par une sélection plus à même de valoriser le sens de l’État et du service public.
Gage d’indépendance, le statut sera préservé, et des règles seront fixées pour éradiquer les conflits d’intérêt aux plus haut échelons de l’administration.
Les fonctions essentielles de l’État verront leurs effectifs restaurés, alors que le marché de dupes -baisse des effectifs contre hausse des traitements- jamais tenu, sera dénoncé. Il est possible de revaloriser les salaires les plus faibles de la fonction publique, en cessant notamment de traiter de façon uniforme l’ensemble des agents publics. Le gel des rémunérations pour tous, petits ou hauts fonctionnaires, est ainsi particulièrement choquant quand on connaît la faiblesse des traitements réservés en bas de la hiérarchie. Les situations devront être différenciées.
Redresser l’État, permettre à la fonction publique de retrouver confiance, seront nos principes directeurs. Ils ne se confondent pas avec une course aux effectifs. Le sens des responsabilités, et l’exigence de justice sociale que nous portons, nous obligent à une bonne gestion des deniers publics. À cet égard, la fuite en avant des collectivités territoriales, dans un contexte de décentralisation irresponsable depuis trente ans, devra cesser. Les collectivités locales devront enfin maîtriser leurs effectifs, et un rééquilibrage se fera au bénéfice de l’État, appelé à reprendre des compétences stratégiques. Le Front National a le sens des priorités, et n’acceptera nulle part les dérives induites par le clientélisme et la reconstitution de baronnies locales.
Confrontés comme tous les Français aux terribles difficultés que traverse notre pays, plus que les autres peut-être, vous percevez les causes de son affaissement.
Mais peut-être aussi plus que les autres, vous connaissez les immenses atouts de la France, et la noblesse que recèle le service public, le service de tous les Français. C’est pourquoi je souhaite avant tout aujourd’hui, par cet appel que je lance à l’ensemble des agents publics, vous porter un message d’espérance. Le redressement qui vient ne pourra pas se faire sans vous. Je sais les immenses réserves de dévouement et de courage de notre fonction publique, celle que le monde nous envie. La France compte sur vous
MLP